mardi 29 mai 2012

La Langue : Son histoire


L’Art de tenir sa langue

Ce conseil est un beau sujet de conversation, mais aussi, à en croire les amateurs, un délicieux objet de gastronomie. Car on peut fort bien combler ses papilles en accommodant d’autres.
Depuis que les mathématiques et le langage binaire ont remplacé les langues mortes, il est difficile pour un amphitryon de bien tenir son rôle à table. Car il doit mettre chacun en valeur, faire parler son invité de lui-même. Et quelle opinion se faire, en effet, d’un homme aspirant à la réputation de gastronomie qui resterait affreusement coi en entendant parler des langues de bœuf, de veau, d’agneau ou de cochon ? Oui, y-a-t-il vraiment de plus belles langues vivantes que ces subtiles langues vivantes que ces subtiles langues amoureusement préparées, qui n’ont jamais calomnié, menti ni blasphémé ?
Pour éviter que le bavard ne nous excède jusqu’à l’impatience, , préparez-lui vos belles langues mortes, qui n’ont que d’excellentes choses à nous apprendre, jamais monotones, puis’on peut en varier l’apprêt de cent manières. De plus, jamais importunes, jamais trop piquantes ni trop salées entre des mains habiles, elles ont aussi le don de plaire à tout le monde et sont assez sage pour ne point se faire d’ennemis. Ainsi parlait Grimod de La Teynière.

Source : En cuisine avec Alain Senderens

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